Russie VS Coronavirus – Entretien avec Ilya Matveev

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Ilya Matveev est un chercheur en économie politique basé à Saint-Pétersbourg en Russie. Il a accepté de répondre à nos questions concernant la gestion du Coronavirus par son pays, alors que celui-ci a été parfois vivement critiquée par des médias français.


Gavroche : Avez-vous le sentiment que la Russie était préparée à une telle pandémie ? En particulier son système de santé ?

I. Matveev : Oui et non. Ça n’est pas blanc ou noir. La Russie était prête si l’on se penche sur ses importantes réserves de monnaie constituées à partir des exportations du pétrole Une telle réserve de capital (130 milliards de dollars) peut permettre de faire face à des événements imprévus, la pandémie en est l’exemple-type.

En ce qui concerne le système de santé, il n’était probablement pas préparé pour une telle pandémie, comme tous les systèmes de santé du monde. Nous subissons un manque d’équipement particulièrement vivace. Les ventilateurs, ainsi que les unités de soins intensifs, essentiels dans la gestion de la maladie, sont amenés à devenir un véritable problème pour la Russie dans les semaines à venir. Ces pénuries prochaines sont dues à l’austérité auto-imposée après la crise économique de 2014 déclenchée par la chute des prix du pétrole. Cependant, la Russie a un système de santé national, public, contrairement aux États-Unis. Or, ceci est primordial dans la gestion de la crise sanitaire : les citoyens russes peuvent être soignés gratuitement ou presque, aux États-Unis ceux sans moyens sont condamnés.

Mais le fait est que le pic de l’épidémie est loin d’être arrivé, donc la Russie doit se préparer très rapidement.

 

Gavroche : Il y a une opinion assez répandue avançant que la Russie aurait été plutôt épargnée par le virus jusqu’à maintenant. Êtes-vous d’accord avec cette affirmation ? Cela vient-il des rapides et strictes mesures prisent par Poutine peu après le déclenchement de l’épidémie en Chine ? (fermeture des frontières, quarantaines obligatoires pour les individus venant de l’étranger…)

I. Matveev : Je ne suis pas convaincu que la Russie ait été vraiment épargnée par le virus. Il est vrai que nous avons encore un nombre de cas relativement bas. Mais celui-ci augmente à une vitesse exponentielle désormais. Seulement hier, 500 nouveaux cas ont été dénombrés seulement à Moscou. La vague du coronavirus commence simplement plus tard en Russie.

Après, il est vrai que le virus a été retardé, et les principales raisons pour expliquer ce phénomène sont les suivantes : le faible volume de trafic aérien en lien avec la Russie, le faible nombre de grandes villes (Moscou est une ville mondialisée, elle est aussi la plus touchée), la fermeture très prompte des frontières avec la Chine. Ce processus sera probablement encore ralenti par la taille du territoire et sa très faible densité de population. Tous ces éléments montrent notamment qu’il y a un lien entre la mondialisation, l’interconnexion du monde, et la propagation du coronavirus.

Donc le gouvernement russe, en plus de bénéficier d’avantages structurels, a répondu plutôt adéquatement à la crise, la mise en place de la quarantaine assez rapide conformément aux recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé en est l’illustration. Contrairement au Royaume-Uni.

 

Gavroche : Quelle est votre opinion sur les récentes mesures entreprises par le gouvernement et leur chronologie ? ( le mois de congés payés, la plus grande sévérité des sanctions pour ceux qui contournent la quarantaine…)

I. Matveev : Nous pouvons voir ici deux types de mesures : répressives, pour maintenir la quarantaine, et économiques. Par rapport aux mesures répressives, le gouvernement russe a été très actif. Ils ont augmenté les amendes par exemple. Mais là encore la situation est très floue. Nous ne sommes pas bien sûrs des instructions données à la police. La quarantaine est uniquement officielle pour les personnes venant de l’étranger, car s’ils veulent mettre en place une quarantaine pour les citoyens russes résidents sur le territoire, il leur faut déclarer l’état d’urgence. Donc les citoyens russes ne savent pas forcément ce qu’ils peuvent faire ou pas, la quarantaine a un aspect informel.. Mais celle-ci a été commencée tôt, et cela est une bonne chose.

En ce qui concerne les mesures économiques, il y a un véritable problème. Le gouvernement ne fait pas assez. En effet, quand une quarantaine est déclenchée, l’économie se met à l’arrêt. Donc les travailleurs n’auront pas de salaires, ou seront licenciés. Ainsi, il y a deux manières de les aider : il est possible de compenser leurs salaires comme en Grande-Bretagne, en Irlande, ou au Danemark. Ou l’on peut faire comme aux États-Unis et donner une certaine somme à tous, une sorte de revenu universel.

Dans tous les cas, cela sera très coûteux, et le problème est que la Russie n’a adopté ni la première solution, ni la seconde. Ce que Poutine a dit, c’est que ce mois sera une sorte de congés payés forcés. Donc les entreprises auront à payer tous les frais que cela implique (ici les salaires). L’État, au lieu d’aider les Russes, laisse toutes les responsabilités dans les mains des entreprises, menant forcément à des licenciements ou des salaires impayés. La seule mesure mise en place pour faciliter ce mois de mise en pause de l’économie est la proposition de crédits sans intérêts. Cette solution n’en est pas une : les entreprises devront les rembourser, et le fait est que beaucoup d’entre-elles, particulièrement les plus petites, n’ont aucune épargne.

A propos des taxes, le gouvernement n’est pas vraiment généreux. Alors que de nombreux pays ont annulé toute taxation, la Russie a décidé de reporter le paiement des taxes. Donc ils auront toujours à les payer, mais plus tard. Cependant, toutes les cotisations sociales ont été diminuées, des aides apportées aux familles avec des enfants, les allocations chômage augmentées. Ce sont de bonnes actions, mais elles ne sauraient être suffisantes.

Il semble que le gouvernement ne veut pas dépenser ses réserves de monnaie. Il voudrait que les Russes de débrouillent par eux-mêmes. Peut-être cela est-il cohérent car nous ne savons pas combien de temps durera la crise. Mais j’aimerais rappeler que près de 2/3 des Russes n’ont aucune épargne. Le pire est à venir.

Il voudrait que les Russes de débrouillent par eux-mêmes. Peut-être cela est-il cohérent car nous ne savons pas combien de temps durera la crise.

 

Gavroche : Certains journaux français affirment que la Russie a délibérément sous-estimé le nombre de cas, êtes-vous en accord avec cette accusation ?

I. Matveev : Je ne pense pas. Si nous avons promulgué une si brutale quarantaine, pourquoi voudrions-nous faire croire que la situation n’est pas si terrible ? Bien sûr, le nombre de cas est encore assez bas, mais la croissance est actuellement exponentielle ! Une croissance aussi rapide ne saurait être un mensonge. Dans deux semaines, la Russie sera au même niveau que la France. Donc, je pense vraiment que les données publiées en Russie sont correctes et ne font que suivre le chemin et le rythme empruntés par l’Europe. Après évidemment, le nombre de tests n’est pas suffisant, comme dans beaucoup d’autres pays. Mais cela ne suffit pas à dire que la Russie trafique ses chiffres.

En Chine, le nombre de morts et de cas sont bien plus suspects. Mes amis vivant là bas m’ont dit que nombre de Chinois n’ont pas de passeport. Donc ils ne recensent pas forcément les enfants. De telles difficultés administratives rendent les statistiques chinois très suspects.

Je pense vraiment que les données publiées en Russie sont correctes

 

Gavroche : Le conseil statuant sur le coronavirus a annoncé que le 25 mars 1,4 milliard de roubles (soit 17,7 millions de dollars) seront alloués à VECTOR (Centre National de Recherche en biotechnologie et virologie). Faites-vous confiance aux scientifiques russes pour trouver un vaccin ou des médicaments pour lutter contre le coronavirus ?

I. Matveev : Le développement de vaccins, quel que soit le pays, prendra beaucoup de temps. Au moins un an, parce que des tests humains sont nécessaires. Donc les scientifiques russes sont capables de produire un vaccin, mais cela prendra autant de temps que pour le reste de la communauté scientifique. A propos des médicaments antiviraux, la Russie devrait obtenir ses premiers résultats dans un mois environ. Actuellement, cette affaire ne concerne plus un seul pays, c’est une énorme course mondiale pour trouver un vaccin. L’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) coordonne les scientifiques à travers le monde et c’est une très bonne chose. Déjà aux Etats-Unis il y a de prometteurs médicaments antiviraux en train d’être créés. Ils devront en produire dans une quantité astronomique pour les distribuer le plus largement possible. En bref, la Russie doit participer à cet effort mondial, et ne surtout pas s’isoler de cette coopération scientifique.

 

Gavroche : En France, les élections municipales ont été maintenues au détriment de la santé de la population bien que le gouvernement appelait les citoyens à rester chez eux autant que possible. Diriez-vous que Poutine a reporté le référendum sur la Constitution car il était inquiet de la santé de ses concitoyens, ou cela consiste en un arrangement qui devrait lui bénéficier ?

I. Matveev : Ce serait vraiment dramatique si tout fermait mais que les personnes devaient aller voter. Ça ne serait pas accepté par les Russes. Tout de même, Poutine a longuement hésité avant de prendre cette décision. Mais le gouvernement a fini par comprendre que pour son image maintenir le référendum serait désastreux. Et cette décision n’est certainement pas dans leur intérêt. Pour Poutine, et n’importe quel politique dans le monde, une telle crise, qui est économique aussi, va affaiblir leur légitimité. En effet, quand l’économie s’effondre, les politiques au pouvoir en subissent les conséquences. Ainsi, ce référendum sera plus dur pour Poutine avec le report de celui-ci.

Le grand mystère réside dans l’usage des réserves monétaires de l’État. Il pourrait s’en servir pour aider les Russes après la crise juste avant le référendum (techniquement ça n’est pas un référendum, c’est appelé un « vote général »). Mais nous ne pouvons vraiment savoir. Ce sera un levier important.

Pour Poutine, et n’importe quel politique dans le monde, une telle crise, qui est économique aussi, va affaiblir leur légitimité.

 

Gavroche : N’est-ce pas ironique de voir la Russie envoyer de l’aide humanitaire aux États-Unis pour limiter les conséquences du virus là bas ?

I. Matveev : Cette histoire n’est pas très importante. Les média exagèrent beaucoup. Le fait est que la Russie envoie des ventilateurs aux États-Unis sensés être interdits par les sanctions imposés par les États-Unis. C’est une forme de provocation. Mais la véritable question est pourquoi la Russie envoie-t-elle du matériel alors qu’elle est amenée à en manquer ? Cette information est avant tout une histoire de communication.

 

Gavroche : La chute des prix du pétrole, le report du référendum sur la Constitution, la vie économique arrêtée…. Que pensez-vous de ce que la pandémie est-en train de révéler de la Russie ?

I. Matveev : La Russie est très faible économiquement. Le niveau de vie est faible. Et en plus de cela, le virus est en train de détruire les économies capitalistes qui sont fondées sur la dette. Le problème est que l’incapacité des individus et entreprises à rembourser leurs dettes risquent de mener à une aggravation de la crise. Nous pouvons seulement espérer que la reprise sera plutôt rapide.

Les économies capitalistes sont sévèrement frappées car les individus vont perdre leurs emplois et être dans l’incapacité de rembourser leurs dettes. De nombreuses entreprises ne vont pas rouvrir. L’économie capitaliste n’est pas compatible avec une faible croissance. Trump avait raison lorsqu’il dit « Nos pays n’étaient pas faits pour s’arrêter ». S’ils ne peuvent rembourser leurs dettes, car tout est à l’arrêt, alors tout risque de s’effondrer. La finance, qui est principalement basée sur la dette, va souffrir le plus.

Mais il faut nuancer ce tableau : rien ne va arriver aux grandes entreprises si elles sont arrêtées pour un mois, personne ne perdra ses compétences contrairement à ce que certains économistes avancent. Cela n’est pas si dramatique pour les stocks de capitaux.

Mais alors, ce que cette crise vraiment révèle est que les système de santé privés étaient de très mauvaises idées. Quand ils ont à faire face à des urgences, ils échouent. Les américains ne peuvent se soigner. Le système de santé doit être public, désormais c’est compris. J’espère que les États-Unis ont appris la leçon.

Entretien réalisé et retranscri par Baptiste Detombe


Version anglaise / English version:

Ilya Matveev is a researcher in political economy based in Saint-Petersburg in Russia. He accepted to answer our questions about the management by Russia of Coronavirus crises. Although it has often been criticed by French media.

Gavroche : Do you feel that Russia was prepared to this plague ?

I. Matveev : Yes and no. This is not black or white. Russia was prepared in terms of its large currency reserves built thanks to oil exports in order to face unforeseen events. It is worth about 130 billion dollars.

But of course, the healthcare system was probably not prepared for such a crisis. And no healthcare system in the world was able to face the Coronavirus. Thus, lack of equipment, especially of ventilators and of intensive care units, which are both necessary to battle this virus, is going to be a major issue for Russia in the following weeks. This under-equipment is due to austerity imposed after the 2014 economic crisis triggered by the drop of oil prices. Nevertheless, Russia still has a national healthcare system unlike the USA and that’s crucial in such a crisis: in Russia people can be treated and healed for free, or almost free, in the US people don’t have access to the healthcare system, some of them cannot afford treatment.

And the peak has not arrived, so Russia has to get prepared really quickly.

 

Gavroche : There is a common opinion that Russia has been quite spared by the virus until now. Do you agree with this assumption? Does it come from quick and harsh actions undertook by Putin a few moment after the outbreak in China? (closing the border for example, 14 days quarantine for people coming from abroad, people in contact with foreigners sent to hospitals in February…)

I. Matveev : I’m not convinced that Russia has been spared by the virus. It is true that there is a relatively low number of cases, but it’s rapidly increasing.

Still, it is true that it has been delayed, and the main reasons to explain this situation are: the lower air travel volume with Russia, the low number of cities (as we can see, Moscow is a global city, and it’s the hardest place hit by the virus), the early closing of borders with China. This process is likely to be slower in Russia than in other countries because of the size of the territory and the low density of the population. All these elements show that Coronavirus’ spreading is linked to globalization and interconnectedness of the world.

I believe that the Russian government’s answer was quite adequate. They implemented quarantine as recommended by the World Health Organization. Unlike the United Kingdom at first, for example. But still, it’s a question of time.

 

Gavroche : What is your general opinion about recent actions undertaken by the government and their timings? (like closing of borders, the non-working month, severe punishments for people delivering fake news about coronavirus or bypassing quarantine)

I. Matveev : We can say that there are two sets of measures: repressive ones to help maintain quarantine like fines or criminal charges and economic ones. About repressive measures, Russian government was really active: they increased the fines (starting at 15,000 roubles). The level of quarantine was left for the regional governors to decide. A few regions implemented quite tough measures.

The other set of measures are the economic ones. This is where the real problem is: the government doesn’t do enough. As a matter of fact, when you have quarantine, businesses stop working. So, either people don’t have salaries, or they are fired. Thus, you have two ways to help them: you can compensate, at least partly, their salaries (like in Britain, Ireland, and Denmark). Or do like in the United States of America by paying a certain sum of money to everyone, a kind of basic income.

In any case, it is going to be really expensive. And the problem is that Russia didn’t adopt either approach. What Putin said is that for a month people should get paid by their employers. So, businesses have to pay for everything. The state, instead of helping people, let all responsibilities in the hands of businesses. So, of course, it will lead to lay-offs, or unpaid wages. The State only proposed zero-interest loans to pay wages. This is a fake solution: businesses will have to repay those loans (and not every company has access to them). The thing is, most of businesses, especially small ones, don’t have any savings.

About taxes, here again the Russian government is not that generous. While some countries have canceled taxation, Russia decided to postpone the payment of taxes. So, businesses still have to pay them later. Meanwhile, they reduced the size of social contributions, provided a small amount of money for each child people have, and increased the size of unemployment benefit: 150 dollars. These are good things, but are by far not enough…

It seems that the government doesn’t want to spend its reserves. They want people to survive on their own. Maybe it’s consistent because we don’t know how long the crisis will last. But I’d like to remind that about 2/3 of people in Russia don’t have any savings. So, it’s going to be harsh. It is already harsh.

They want people to survive on their own. Maybe it’s consistent because we don’t know how long the crisis will last.

 

Gavroche : Some French newspapers argue that Russia was and is willingly undermining the number of cases, do you agree with this accusation?

I. Matveev : I really think that data are correct and follow the European path and pace in a delayed version. Of course, the number of tests is not enough in Russia, like in many other countries. It’s not sufficient to say that the number of cases is modified.

In China the number are much more suspect than here. My friend living there told me that many people in China don’t have passports. So, they just never registered children: with such administrative issues, Chinese statistics are really suspect.

I really think that data are correct and follow the European path and pace in a delayed version.

 

Gavroche : The Coronavirus council announced the 25th of march that it is allotting 1.4 billion rubles ($17.7 million) to VECTOR (National research center on biotechnology and virology). Do you trust Russian scientists to find vaccine or drugs against Coronavirus?

I. Matveev : The development of any vaccine, in any country, will take a long time. At least one year, because you need human trials: and they last a long time. So, Russian scientists are capable of developing a vaccine. But it will take them as much time as any scientists around the world. About anti-viral drugs Russia should get first results maybe in a month. Currently, it is no longer a matter for a single country, this is a global super trial to find a vaccine. The World Health Organization is coordinating scientists in the world. And already in America there are really promising anti-viral drugs being created. They should produce it in an incredible quantity and distribute them. So, what I think is that Russia should participate in this global effort and not be isolated.

 

Gavroche : In France, municipal elections have been maintained at the expense of the health of the population although the government was urging people to stay home as much as possible. So, would you say that Putin was really worried about his citizens and that’s why he postponed the constitutional referendum, or such an arrangement is benefiting to him?

I. Matveev : It would be very dramatic if everything is closing down and still people have to go to vote. It wouldn’t be accepted by the Russians. Still, for a very long time, Putin was not sure what to do. But finally the government understood that it would not look good to organize a referendum during those troubled times. And this decision is not in their interest. It won’t benefit him. For Putin and any politicians in the world, such a crisis, which is going to be economic too, will undermine their legitimacy. Indeed, when the economy is going down, the legitimacy of governments is going down. Thus the referendum is going to be harder for Putin because people are likely to be angry.

Maybe he will try to help people more, maybe he’s keeping currency reserves to help people after the crisis, just before the referendum (technically it’s not a referendum, we have a specific term which is a “general vote”). We don’t know. What’s sure is that this delayed referendum won’t benefit Putin.

For Putin and any politicians in the world, such a crisis, which is going to be economic too, will undermine their legitimacy.

 

Gavroche : Isn’t it ironical to see Russia sending humanitarian helps to the US in order to curb the disease there?

I. Matveev : The story is not so important. Media are exaggerating. The thing is that Russia is sending ventilators to the USA. And such exports from ventilators’ factories are forbidden by US sanctions. It’s a kind of provocation. But the real question is why Russia is doing it although we don’t have ventilators enough. The whole thing looks like a PR stunt.

 

Gavroche : The dropping prices of oil, the postponed reform of the Constitution, the paused economic life… What do you think such a plague is revealing of Russia?

I. Matveev : There is nothing positive. It is going to be a disaster. Russia is very weak economically. The living standards are really low. This virus is destroying capitalist economies that are based on debts. The problem is that the impossibility for people to repay their debts is going to destroy the world economy. We can only hope that the recovery will be really quick.

Capitalist, free market economies are harshly hit because people going to lose their jobs, be unable to pay back their debts, and after the pandemic many businesses won’t reopen. The capitalist economy is not compatible with a slow economy. Trump was right when he said that “Our country was not built to be shut down”. If they can’t pay the debts because there are no more incomes, everything is going to fall. The financialized capitalism which is mostly based on debts is going to suffer the most. Although thanks to government regulations in some cases people still have jobs because the labor code is protecting them during this paused economic life.

At the same time, we have to understand: nothing is going to happen to big factories if they are stopped for a month, people won’t lose skills after a month break unlike some economists said. It is not such a dramatic thing for capital stocks.

What it really reveals is that private healthcare was the worst idea, when it has to face emergency it fails. In America, people can’t afford to be treated so they can’t be healed. Healthcare should be public and now it’s understood. I hope America takes this lesson.

Interview realized by Baptiste Detombe

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