Dans un contexte d’inquiétude croissante concernant le réchauffement climatique, la publication régulière du rapport du Groupe d’Experts Intergouvernementaux sur l’Evolution du Climat (le GIEC, ou IPCC en anglais) sert de signal d’alerte sporadique sur l’évolution du climat. Après huit années de recherche, le groupe a publié son sixième rapport le dimanche 19 mars. Une question taraude le monde entier : a-t-on encore le temps ?
Une publication semée d’embûches
Après des négociations compliquées où la plupart des pays n’ont même pas pu laisser leurs délégations rester jusqu’à la fin du délibéré sur le contenu du rapport, celui-ci a pu être publié. Le délai était vraisemblablement dû à l’insistance de certaines délégations, comme la saoudienne, de prolonger les discussions afin d’essayer de minimiser l’impact de l’industrie pétrolière dans la publication, ce pour quoi ils ne sont pas à leur coup d’essai. Les puissances dépendant des énergies fossiles pour leur économie, comme l’Arabie Saoudite, ont tout intérêt à minimiser les recommendations concernant l’utilisation des ressources faisant le gros de leur richesse.
Constat plus qu’alarmant
Si seule la version abrégée pour les gouvernements est disponible, en ressortent néanmoins de nombreux points saillants.
On y apprend notamment que l’émission de gaz à effet de serres qui a eu lieu entre 1989 et 2019 représenterait 42% des émissions depuis la révolution industrielle. La décennie 2010-2019 a représenté la plus grande émission de gaz à effet de serre de toute l’anthropocène. On y apprend sans surprise que les principaux fautifs sont les secteurs de l’énergie, de l’industrie, des transports et du bâtiment, sans toutefois donner de détails sur l’impact respectif de ces domaines d’activité. Selon toutes les projections, les émissions risquent d’augmenter encore dans les deux décennies à venir.
Des projections peu rassurantes
Concernant les projections, les estimations pour l’horizon 2040 vont de 1.5°C à 4.4°C de réchauffement global selon l’ampleur des émissions de gaz à effets de serre. Comme souvent, les troubles climatiques touchent en premier, notamment à cause de la pauvreté, les pays du Sud.
Le réchauffement climatique aura globalement un effet délétère sur nos nos cultures, la disponibilité de l’eau ainsi que sur la prévalence des maladies infectieuses, des problèmes de nutrition, de santé mentale ou d’incendies. Le rapport indique aussi une part importante de travail possible qui n’a pas été fait pour éviter au maximum les risques liés aux aléas climatiques. Les modèles indiquent par ailleurs une corrélation croissante entre le réchauffement de la planète et de nombreux risques pour la santé humaine ou la santé des cultures agricoles ou piscicoles.
Plus généralement, le rapport insiste beaucoup sur l’aspect multiple et complexe des conséquences du réchauffement climatique. Il affirme l’importance d’une réaction rapide de la part des gouvernements pour maximiser la création d’infrastructures plus durable ainsi que l’adoption de technologies plus propres. Il insiste aussi sur la nécessité d’instaurer une équité plus forte entre les populations ainsi que sur l’importance de la lutte contre la pauvreté afin de minimiser les dégâts des aléas climatiques à venir.
Pour répondre à la question introductive, non, il n’est pas trop tard. Mais ce n’est pas parce qu’il n’est pas trop tard que nous pouvons nous permettre de poursuivre la tendance délétère de l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre. Cela ne se fera pas par quatre chemin sinon celui de la volonté politique. Et du changement radical.
Nathan Petrovic
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