Agression d’un militant CGT : le néonazisme décomplexé

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Dimanche, un militant CGT a été poignardé en plein Paris par des hommes d’extrême droite scandant « Paris est nazi ». Le syndicaliste sortait d’une projection d’un film avec une association de travailleurs kurdes et une association antifasciste. Une nouvelle manifestation toujours plus violente de l’extrême droite en France.


Roués de coups au sol par une vingtaine de lâches cagoulés, deux personnes ont été hospitalisées à la suite des événements. Les deux assistaient à la projection du film « Z » de Costa-Gravas avec l’Association culturelle des travailleurs immigrés de Turquie (ACTIT) et l’association antifasciste Young Struggle. Après leur assaut, le commando d’extrême droite scandait « Paris est nazi » en prenant la fuite. Une vidéo publiée par l’Humanité en témoigne. Seulement six personnes ont été interpellées, toutes reconnues comme appartenant à la mouvance « d’ultra-droite » par la préfecture de police de Paris.

NÉONAZISME VIOLENT ET SANS COMPLEXES

Une agression qui est de nouveau l’acte de l’extrême droite. Comme une odeur des années trente mais supplément vomi ravalé. Une extrême droite encore plus radicale fait son grand retour : que ce soit le GUD et ses défilés aux cris d’ « Europe, jeunesse, révolution », les différents mouvements qui s’affirment dans les villes ou les multiples attaques de groupuscules ces derniers temps.

Une réaction du côté du Rassemblement national, qui prétend faire partie de l’arc républicain ? Évidemment pas, ni pour Marine Le Pen ni pour Jordan Bardella, qui lui préfère pleurer, dans Valeurs actuelles, sur la gauche qui mènerait un combat contre la liberté d’expression. En face, comme un drôle de contraste, ce sont des militants d’extrême droite qui coupent court à la projection d’un film.

Pas plus de réaction du côté de la droite, le sujet n’intéresse pas grand monde. Voilà que des néonazis qui agressent des militants est chose normale aujourd’hui. Voilà qui laisse la place à l’extrême droite de devenir de plus en plus violente et expressive, libérée de tout complexe. Quelle bassesse.

UNE ATTAQUE CIBLÉ DANS LE « PETIT KURDISTAN »

La scène s’est déroulée dans le 10e arrondissement de Paris, surnommé parfois le « Petit Kurdistan » en raison de la forte présence de commerces kurdes dans le quartier. Impossible de ne pas faire le lien avec le triple assassinat survenu en janvier 2013 contre trois membres de Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), et l’attentat terroriste d’extrême droite à motif raciste du 23 décembre 2022 qui avait fait trois morts et autant de blessés – les deux attaques ayant eu lieu dans le 10e arrondissement et visant des socialistes kurdes.

Ce n’est pas anodin, c’est ultra-violent. Et ce n’est pas contre n’importe qui. Ce sont des travailleurs immigrés.

Lundi soir, près d’un millier de personnes s’est réuni, selon Politis, pour venir en soutien aux militants agressés et rappeler l’importance de la lutte antifasciste. Un militant CGT a réagi : « Une attaque contre qui ? Contre des gens qui organisaient dans un lieu pacifique une soirée ciné débat consacrée aux dangers de l’extrême droite. Ce n’est pas anodin, c’est ultra-violent. Et ce n’est pas contre n’importe qui. Ce sont des travailleurs immigrés. »

« Z » : UN FILM CONTRE LE FASCISME

C’est le film « Z » sorti en 1969 de Costa-Gravas qui était projeté dans les locaux de l’ACTIT. Le titre du long-métrage est l’initiale du mot grec « ζει » (zi) traduisible par « Il est vivant. » Cette lettre était peinte par les opposants grecs suite à la mort de Grigóris Lambrákis. L’assassinat de l’homme politique grec par la police inspire le film et l’amène à dénoncer les mécanismes autoritaires du régime et l’avènement de la dictature des colonels instaurée en 1967 en Grèce. Il décrit le passage de la démocratie à un régime autoritaire par la violence et l’impunité des responsables politiques.

Bien que critiqué par certains à gauche à l’époque pour son manque d’analyse des rapports sociaux, c’est visiblement encore aujourd’hui un film qui dérange suffisamment pour se faire poignarder en le projetant.


Les néonazis et plus globalement l’extrême droite se déchaînent dans les villes, gagnent en violence tandis que les politiques de droite ferment les yeux sur les agressions sauvages des militants. Ces événements nous rappellent la nécessité d’une lutte sincère et efficace contre les mouvances d’extrême droite émergentes et déjà présentes.

Antonin Hérault

L’image d’illustration est tirée d’un reportage de La Clameur, disponible ici.

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