En septembre 2022, le chef de l’État a plaidé pour une meilleure répartition des demandeurs d’asile au sein des territoires ruraux. Ce projet aurait pour but de redynamiser les campagnes sujettes à une baisse de la population et aux fermetures des commerces.
Les centres de demandeurs d’asile sont des institutions gérées par des associations qui les encadrent le temps que leur demande soit examinée par les autorités françaises. Les CADA assurent l’accompagnement social des résidents dans leurs démarches administratives. Ils jouent un rôle fondamental en permettant l’apprentissage du français et en inscrivant les enfants dans des établissements scolaires. La mission des CADA se rapproche des centres médico-sociaux en offrant un suivi médical et social des pensionnaires. Ils assurent une mission de service publique qui permet aux demandeurs d’asile de ne pas être des laissés pour compte. Dès lors, comment peut-on s’opposer à la construction de CADA ? Nous nous sommes rendus à une manifestation organisée à Bélâbre contre le projet d’installer un CADA dans une ancienne usine abandonnée du village, afin de comprendre les enjeux de ce débat.
Un CADA dans une petite ville rurale
Bélâbre, c’est un petit village de 900 habitants situé dans le Berry dans le centre de la France. Ce samedi 25 février 2023, plus d’une centaine de personnes s’étaient rassemblées dès potron-minet sur la Place de l’Église pour manifester leur refus que leur commune accueille un CADA. Certains confient qu’il y a encore une semaine, ils ne savaient même pas encore ce que c’était.
Des drapeaux français s’agitent sous le ciel nuageux. Certains ont ramené leur pancarte sur lesquelles on peut lire « Mairie Complice CADA = Délinquance = invasion » ou encore « Pas de CADA à Bélâbre ». Beaucoup n’habitent même pas la commune et viennent d’Argenton, de Châteauroux, de Blois, de Poitiers, et même de Paris comme cet avocat habitué des plateaux de CNEWS, Pierre Gentillet. Car oui, récupération politique il y a. Des représentants du Rassemblement National et de Reconquête sont là, comme ils étaient déjà présents au même moment à Saint-Brévin-les-Pins, en Loire-Atlantique pour manifester contre l’ouverture d’un CADA dans la commune.
« On va chez le maire ! »
Un petit groupe de manifestants arrive sur la place du marché et ose proclamer tout haut ce que d’autres pensent tout bas : la vie d’un être humain n’a pas de prix. Ils se font insulter, prendre à partie, mais la lutte pour la reconnaissance de la dignité humaine est un combat. Les « anti-CADA » se dirigent ensuite devant la mairie avant qu’un des manifestants ne crie « On va chez le maire ! » Ainsi, environ une cinquantaine de manifestants se retrouvent devant la maison de l’élu qui n’est pas présent à ce moment-là. Sa femme va au contact des manifestants et reste stoïque sous les insultes. L’édile a reçu des menaces de morts l’intimant à ne pas vendre le bâtiment de l’ancienne usine qui appartient à la municipalité au bénéfice l’association Viltaïs qui le transformerait en CADA.
L’extrême droite, un danger pour tous
L’extrême droite dénonce l’insécurité d’un CADA mais c’est cette même extrême droite qui ose menacer de mort un élu de la République. Bien qu’elle ne s’en vante pas, l’extrême droite tue, elle divise la population et déshumanise des êtres humains. L’accueil de ces réfugiés peut être une véritable source enrichissement pour Bélâbre et pour toutes ces communes rurales qui souffrent d’une faible population et d’une démographie peu active. C’est un nouveau point de départ pour les demandeurs d’asile dans la construction de leur nouvelle vie. Refuser la construction d’un CADA, c’est les exclure de notre société. S’il fallait tirer des leçons de l’histoire, nous verrions qu’aucune forme d’exclusion n’a contribué au bien commun.
Au-delà des effets de l’opposition au CADA et à l’accueil de demandeurs d’asile, mortifères, le rejet des CADA peut vite dégénérer. En effet, à Saint-Brévin-Les-Pins, la maison du maire et de sa famille a été visée par un incendie dont l’origine humaine a vite été établie par les enquêteurs. Dans quel monde vit-on ? On espère que les droitards habituels finiront par dénoncer cette contribution aux chiffres de la criminalité…
Les CADA : un outil nécessaire pour l’intégration des demandeurs d’asile
Les CADA existent pour pouvoir donner un toit à ceux qui en ont besoin. Ils permettent de limiter les risques de ghettoïsation et de naissance de bidonvilles accueillant des demandeurs d’asile. Ils permettent de faciliter les démarches sociales et l’insertion sociale. Du fait d’un nombre de places restreint, des demandeurs d’asile sont contraints à rester vivre dans la rue. S’il restait un peu de candeur chrétienne à l’extrême-droite, peut-être qu’ils prôneraient l’implantation de ce genre de structures de bienfaisance et augmenteraient leurs moyens. Il convient de proposer une intégration accompagnée et suivie à ceux qui le désirent.
Poppy
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