À Rouen, République Souveraine défend la démocratie et s’oppose à la réforme des retraites

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Le mardi 7 mars, Georges Kuzmanovic était présent à Rouen dès le matin, et participait à la manifestation contre la réforme des retraites dans le petit cortège de son mouvement, République Souveraine. En fin d’après-midi, ses militants se sont réunis dans les hauts de Rouen pour une réunion publique.


Réforme des retraites

Les premiers à prendre la parole sont Richard Vaquer, ex-candidat aux législatives à Rouen sous l’étiquette République Souveraine, et Caroline Pautret-Homerville, cheffe du comité Normandie du parti. Tous deux sont syndicalistes : l’un à la CFDT, l’autre à la CGT.

Ensemble, ils critiquent les réformes que le système de retraites a connues. Selon Richard Vaquer, « les 25% les plus modestes ont perdu en pension, alors que les 25% les plus aisés ont gagné sur leur niveau de pension. Donc il a déjà été démontré une fois que c’était extrêmement mauvais pour les salariés les plus modestes, et donc que ce sont toujours eux qui font les frais des réformes et que c’est de leurs poches que nous payons l’équilibre financier. Cette réforme n’est en réalité qu’un équilibre financier mis en place sur le dos des plus modestes. » 

Puis, ils parlent de leur rôle de syndicaliste. Pour Caroline Pautret-Homerville, « la force des syndicats s’est considérablement affaiblie ces dernières décennies. Notamment au niveau des salaires. Si on avait, comme à une belle époque, des syndicats qui étaient puissants […] ça ne se passerait pas comme ça. Jamais ce gouvernement n’aurait pu proposer ce genre de réforme. » 

L’Union Européenne comme « structure impériale »

L’historien Traian Sandu, professeur à la Sorbonne, prend la parole pour expliquer son analyse selon laquelle l’Union Européenne est « une structure impériale avec des périphéries, des marges, et une inégalité statutaire au sein des membres de l’Union Européenne, et un moins-disant social »

Il voit en la libre-circulation des personnes une manière pour les entreprises d’exploiter des travailleurs des pays d’Europe de l’Est. « Vous l’avez donc avec cette main d’œuvre de bas niveau, à la fois les saisonniers agricoles, la prostitution… Vous avez les délocalisations des entreprises allemandes en Europe de l’Est. Ça, ça relève aussi de la libre-circulation sur le territoire européen pour aller chercher de la main d’œuvre pas cher ou la faire venir. Mais vous avez aussi la circulation de la main d’œuvre de haut niveau : là-encore, la Roumanie a perdu 40% de ses médecins. » 

Démocratie et citoyenneté

Pour finir, la parole est à Georges Kuzmanovic, président de République Souveraine, et Denis Szalkowski, maire de Saint-Éloi-de-Fourques (Eure). Les deux hommes parlent de démocratie. Pour Georges Kuzmanovic, « il faut plus de démocratie dans les entreprises. On parle souvent de démocratie, mais il y en a assez peu dans les entreprises. C’est le lieu, souvent, de la dictature. La démocratie ne devrait pas se cantonner à participer à des élections tous les 3, 4, 5 ou 6 ans. » 

Je pense qu’il faudrait plus de souveraineté populaire, plus de démocratie, dans les entreprises.

« Et dans notre famille politique – puisque je viens de la gauche – le mot “souveraineté” est entendu comme “fascisme”. Alors que je rappelle que le fascisme consiste justement à limiter la démocratie, à mettre des gens en uniforme dans les rues, à tabasser les opposants et surtout ne pas avoir de débat politique, et d’avoir un contrôle étatique sur l’ensemble de la société. Ce n’est pas du tout notre cas puisqu’une des souverainetés que l’on défend est la souveraineté populaire. Elle ne vient pas de fascistes, mais elle vient d’un certain Jean-Jacques Rousseau, qui l’a théorisée dans Le contrat social. Je pense qu’il faudrait plus de souveraineté populaire, plus de démocratie, dans les entreprises. Comment est-ce que ça pourrait se passer ? […] Pour ceux qui viennent de la gauche […] ça peut être l’autogestion. Et pour ceux qui viennent de la droite, ça peut être ce que le Général De Gaulle appelait la participation. Ce n’est pas exactement la même chose, mais il y a la même idée : qu’une partie de la gestion de l’entreprise soit aux mains des salariés. » 

Denis Szalkowski et Georges Kuzmanovic lors d'une réunion publique à Rouen. Crédits photo : Tanguy Lacroix / Gavroche
Denis Szalkowski et Georges Kuzmanovic lors d’une réunion publique à Rouen. Crédits photo : Tanguy Lacroix / Gavroche

Selon Denis Szalkowski, « il y a aussi un espace non-marchand. La politique en général et le syndicalisme font partie de l’espace non-marchand : nous ne sommes pas que des travailleurs. Et c’est là où je crois qu’il y a un enjeu de société extrêmement profond : est-ce qu’on veut que nous ne soyons que de simples travailleurs ? La part des Français qui étaient dans des associations est passée de 24% en 2019 à 20% en 2022. Donc, il y a eu un mouvement de rétractation de la société, sous les coups de boutoir d’un consumérisme dévorant. » 

 

T. L.

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