Les apiculteurs se mobilisent pour sauver le miel français

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Jeudi dernier, ce sont près de 150 apiculteurs qui ont participé à la mobilisation contre l’importation des miels à bas coûts, à Paris, à l’appel de la Confédération Paysanne. Les syndicats (UNAF, SNA et FFAP) étaient présents en soutien. L’objectif était clair : alerter sur les difficultés pour les apiculteurs de commercialiser leur miel et revendiquer des mesures contre la concurrence déloyale des miels d’import.


« Quand le miel manque, on se contente de la mélasse », écrivait Benjamin Franklin. Ce n’est guère le cas en France où les apiculteurs peinent à écouler leur miel. Le mois d’octobre ressemble pour eux à une forme de « mercato du miel » : les industriels achètent des quantités conséquentes de miel aux producteurs. Cette année, ils ont boudé le miel français au profit des miel étrangers, de l’Union européenne ou d’ailleurs. Nos apiculteurs se retrouvent avec des milliers de kilos de miel invendus et leur maigre trésorerie.

C’est une des raisons qui a poussé l’organisation de cette manifestation. Florent Maugeais, apiculteur professionnel en Normandie, témoigne : « Nos miel sont en concurrence avec des miels étrangers achetés 2 euros au producteur. Non seulement une partie de ces miels sont frauduleux, mais ils nous font de la concurrence déloyale. Jamais on ne pourra vendre à ce prix là, ou alors ce sera à perte ».

Source : confederationpaysanne.fr

UNE PART DES IMPORTATIONS DE MIEL SONT FRAUDULEUSES

En avril dernier, la sénatrice Mme Varaillas (PCF) interpellait M. Fesneau, ministre de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire sur la question des miels frauduleux. D’après un rapport de la Commission européenne début 2023, 46% des miels importés en Europe ne correspondent pas à la règlementation miel. Ces miels seraient tout simplement coupés avec des sirops de sucres naturels afin de baisser drastiquement le prix des produits. Cette pratique est interdite par la réglementation européenne, mais a priori très pratiquée sur les miels importés en Europe. En 2017, le chiffre donné par la Commission était de 17%. Une hausse inquiétante pour le marché du miel.

46% des miels importés en Europe ne correspondent pas à la règlementation miel.

On sait également, comme l’a aussi rappelé Mme Varaillas, que certains miels falsifient leur véritable origine en utilisant des techniques de pointe, indétectables . L’apiculteur Florent Maugeais précise : « On a un problème avec l’étiquetage des miels, l’origine n’est pas claire. Sur certains pots, l’origine du pays de production du miel n’est pas indiquée. Sur d’autres, il y a carrément un drapeau français alors que le produit final est issu d’un mélange entre plusieurs miels étrangers. »

Florent et Céline Maugeais, apiculteurs professionnel en Normandie, le 30 novembre 2023 à Paris. Poppy / Gavroche

Les apiculteurs se sont rendus dans plusieurs commerces parisiens et ont constaté que des miels achetés moins de deux euros au producteurs se vendaient parfois à 20 euros.

UNE PRODUCTION NATIONALE EN CHUTE LIBRE

Depuis au moins 1995, la production nationale ne cesse globalement de chuter au profit de l’importation. Aujourd’hui, la production française couvre moins de la moitié de la consommation, cette dernière est d’environ 40 000 tonnes par an.

En tonnes.
D’après les données de l’UNAF (Union nationale de l’apiculture française)

Afin de faire face à cette concurrence déloyale, les syndicats apicoles demandent qu’une institution indépendante se charge de contrôler la composition des miels importés.

« Français, achetez français, consommez local ! », pouvait-on entendre lors de la manifestation.

« Français, achetez français, consommez local ! »

Acheter son pot de miel en vente directe permet d’éviter au consommateur d’être trompé sur la marchandise et de soutenir son apiculteur. Cependant, beaucoup d’apiculteurs professionnels vendent une partie de leur miel aux industriels. Cyrille, apiculteur professionnel dans l’Indre témoigne : « Je fais un peu de vente directe mais je ne peux pas vendre tout mon miel moi-même. Je suis d’abord un apiculteur, pas un commercial. La vente directe, ça demande du temps et encore d’autres moyens de production pour conserver, étiqueter et vendre. »

Cyrille, apiculteur professionnel dans l’Indre, le 30 novembre 2023 à Paris. Poppy / Gavroche

Les apiculteurs français sont dans une situation de détresse. Sur le site de la Confédération paysanne, on peut lire qu’elle « demande la mise en place d’une aide d’urgence en soutien aux apiculteurs et apicultrices, ainsi que la mise en place du dispositif de prix minimum d’entrée, seul dispositif à même de préserver les apiculteur·trices de la concurrence déloyale des miels d’imports, souvent fraudés de surcroît ». Que fait la France pour soutenir ses apiculteurs ? Que fait l’Union européenne contre la fraude au miel ? 


Cette mobilisation rappelle l’importance de protéger et soutenir nos apiculteurs face à la concurrence étrangère et de faire face à la fraude alimentaire. Plus qu’une question de production nationale, l’apiculture aide à préserver les abeilles. 80% des cultures dépendent d’elles pour la pollinisation. Nous nous devons de sauver nos apiculteurs et les abeilles.

 

Miss Poppy et Antonin Hérault

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2 réponses à “Les apiculteurs se mobilisent pour sauver le miel français”

  1. simon says:

    Bonjour, très bon article dans le corps.
    Juste un problème, les chiffres de production repris de l’UNAF, juste pas en cohérence ni avec l’article ni avec la situation de mévente que nous, apiculteurs pro, connaissons. Vous trouverez ici les chiffres établi par ADA France, association regroupant une grande partie des apiculteur professionnel. Ces chiffres sont ceux reconnu par la FNSEA, la Confédération Paysannes et la FFAP.
    https://www.adafrance.org/2023/11/23/lestimation-2023-de-production-de-miel-en-france/

    L’Unaf est un syndicat majoritairement composé d’amateurs, ce qui n’est pas péjoratif, nous avons simplement en tant que pro une vision d’ensemble plus claire. Et nous finançons ADA qui peut ainsi établir une estimation sérieuse.
    Reprendre ces chiffres qui continu de dégringoler, c’est nier tout le travail sur l’installation réaliser par ADA et par la Conf’. C’est aussi nier la monter en technique réaliser grâce au travail des différentes ADAs.

    Les chiffres d’ADA permettent de dire en fait : la production est remonté ces années passées, maintenant stop aux importations.
    Alors que ceux de l’unaf présent ici nous disent : pas le choix on doit importé pour consommé …

    Cordialment un api pro

  2. Meliane Mansour says:

    On n’entend pas EELV Parti qui n’a d’écologiste que le nom. Et on ne l’entend pas non plus sur un sujet encore plus grave : le risque de disparition des abeilles. Ce risque est aujourd’hui bien réel, d’après de nombreux scientifiques. Les conséquences en seraient dramatiques pour l’humanité entière.

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