Punaises de lit : la démission de l’État

table lamp turned-on near bed
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Étrange défaite. Un foyer sur dix a subi une invasion de punaises de lit entre 2017 et 2022. Les victimes, laissées à elles-mêmes, doivent se débrouiller avec leurs propres ressources. Une situation qui rend difficile l’endiguement de ce parasite.

Quand l’État protégeait

Sur TikTok, l’INA a sorti des images d’archives : en 1964, lorsque les foyers parisiens étaient infestés de punaises de lit, il leur suffisait de contacter la préfecture de la Seine, qui agissait en quelques heures. Un service public qui répondait efficacement à un enjeu sanitaire.

@ina.fr

1964, les Parisiens étaient déjà envahis par les punaises de lit. À l’époque, la préfecture de la Seine s’occupait de la désinfection et la literie était rendue dès le lendemain à son propriétaire. PunaiseDeLit

♬ son original – INA – INA

Sous le règne du néolibéralisme, la donne a changé. Pour désinfecter, il faut faire appel à des sociétés privées et compter au minimum entre 5 et 10€ par m² de l’habitation, avec des tarifs supplémentaires selon les moyens utilisés, et selon l’entreprise. Les insectes, de plus en plus résistants au fil des décennies, nécessitent parfois plusieurs passages. La facture finale se compte en centaines d’euros. Ceux qui n’ont pas les moyens continuent de vivre malgré les puces de lit, ce qui risque d’infecter le voisinage. 

D’importantes pertes financières

Au coût de l’infection s’ajoute les pertes matérielles, qui sont couteuses. Le premier réflexe de beaucoup de victimes est de jeter les meubles et la literie, ce qui, rappelons-le, ne sert à rien.

Les morsures de punaises de lit rendent le sommeil extrêmement difficile, laissent des infections cutanées, poussent les victimes à se couper de leurs proches par peur de leur transmettre des punaises. Lorsque le clavaire dure trop longtemps, elles subissent la dépression, les arrêts maladie, le chômage.

Un enjeu de santé publique

L’État a-t-il le devoir de garantir la sécurité sanitaire de ses citoyens ? Ou, à l’inverse, les ménages doivent-ils être pleinement responsables de la gestion de leur logement ? C’est là que cette affaire devient un débat de philosophie politique, jusque sur les bancs de l’Assemblée Nationale. Mathilde Panot, députée NUPES, revendique d’avoir « lancé l’alerte »  en 2017 et rappelle avoir déposé une « proposition de résolution en 2019 ». « Vous m’avez ri au nez, vous n’avez rien fait ! », s’exclame-t-elle en invectivant le gouvernement.

Le gouvernement a réagi récemment, en promettant un projet de loi pour éviter les arnaques dans les tarifs de désinfection, et une campagne de prévention auprès des citoyens pour limiter les risques. Cela rappelle la politique très insuffisante du début de la pandémie COVID, se limitant à coller des affiches sur le lavage des mains dans les aéroports, sans dépister qui que ce soit arrivant de Chine. 

Nous sommes bien loin de la politique sanitaire gaullienne, dont l’État intervenait gratuitement auprès de chaque citoyen subissant cette urgence sanitaire. Aujourd’hui, le manque de courage politique et les dogmes néolibéraux nous mènent aux dix plaies d‘Égypte.

T. L.

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