Hollande, Jadot, Borne… l’aveugle réaction des politiques français à l’élection italienne
Comme attendu, Giorgia Meloni est sortie grande vainqueure des élections législatives italiennes. À la tête de Fratelli d’Italia, parti d’extrême-droite qui n’a rien à envier à LREM sur le plan économique, la Romaine a suscité l’indignation en France. Anciens dirigeants et politiques actuels préfèrent crier le champ lexical du fascisme que de pointer les causes du succès de Fratelli d’Italia.
Après la Suède, l’Italie tourne son volant très à droite. Le berceau de Ferrari a choisi de changer de moteur malgré les menaces de son principal actionnaire, Ursula von der Leyen. Quelques jours avant l’élection, la papesse du Vieux Continent sermonnait le peuple transalpin de revenir à la raison afin d’éviter d’utiliser « les outils pour remettre l’Italie dans le droit chemin, comme pour la Hongrie et la Pologne ». Dimanche soir, la Botte a balayé l’autoritarisme de la présidente de la Commission européenne, ouvrant une vague de réactions chez son voisin français.
Quand le sage désigne la lune, l’idiot regarde le doigt
La classe politique française devrait s’inspirer de Ségolène Royal. « La démocratie, c’est comme l’amour. Plus il y en a, plus elle grandit » contait la finaliste de la présidentielle 2007. La démocratie italienne a parlé, mais pas du goût de François Hollande. « La victoire de l’extrême droite en Italie est à la fois une menace pour les droits fondamentaux et un risque de paralysie pour l’Europe » écrit l’ancien député de Corrèze. Les douze millions d’Italiens qui ont posé un bulletin Fratelli d’Italia ont mal choisi.
La victoire de l’extrême droite en Italie est à la fois une menace pour les droits fondamentaux et un risque de paralysie pour l’Europe. C’est aussi un avertissement. Dans la confusion politique et avec l’effacement des partis, ce qui arrive en Italie peut se produire en France.
— François Hollande (@fhollande) September 26, 2022
Un constat également partagé par Elizabeth Borne qui voit dans le vote souverain d’un peuple une menace directe aux droits de l’Homme : « On sera attentifs à ce que les valeurs sur les droits de l’homme soient respectées par tous ». Yannick Jadot laisse croire que Giorgia Meloni a pris le pouvoir par toute autre forme que le vote, osant professer la mort de la démocratie italienne. « Terrible victoire post-fasciste en Italie. Pologne, Hongrie, Suède et maintenant l’Italie… La démocratie n’est jamais acquise, les pulsions de haine jamais terrassées ! ».
Au milieu de l’aveuglement, Clémentine Autain parvient à retrouver la vue le temps d’un tweet, malgré une comparaison dangereuse avec Benito Mussolini. « Tragique. Les héritiers de Mussolini prennent le pouvoir en Italie. Les politiques néolibérales et la disparition de la gauche ont permis ça. » À chaque vote correspond des causes. Par leur choix, les Italiens ont rejeté la gauche ou une droite plus modérée. Le bon ton français préfère toujours brandir le drapeau du « barrage à la haine » tout en plongeant le pays dans l’abîme. Ce n’est donc pas un hasard qu’au milieu du désespoir de façade de LFI à LREM, Éric Zemmour et Marine Le Pen jubilent.
Marine Le Pen et Éric Zemmour savourent
Aucun nuage à l’horizon pour le Rassemblement national et Reconquête. Du moins pour le succès de leur idéologie à l’étranger. En moins de deux semaines, la Suède et l’Italie ont viré très à droite, donnant le sourire aux deux candidats à la présidentielle 2022. « Le peuple italien a décidé de reprendre son destin en main en élisant un gouvernement patriote et souverainiste » se félicite Marine Le Pen, oubliant que Giorgia Meloni est une européiste convaincue avec un programme néolibéral en total adéquation avec le dogme européen.
Le peuple italien a décidé de reprendre son destin en main en élisant un gouvernement patriote et souverainiste.
Bravo à @GiorgiaMeloni et à @matteosalvinimi pour avoir résisté aux menaces d’une Union européenne anti-démocratique et arrogante en obtenant cette grande victoire !
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) September 26, 2022
Éric Zemmour, lui, rêve déjà de pareille ascension en France. Pour rappel, le président de Reconquête fait de l’union des droites son mantra depuis plusieurs années. Une coalition gagnante de l’autre côté des Alpes qui requinque l’homme aux 7%. « Comment ne pas regarder cette victoire comme la preuve que tout est possible ? » ambitionne l’écrivain. Mais Reconquête ne dispose d’aucun député ou sénateur et une union des droites françaises est, pour l’instant, exclue par tous les bords.
Clément Labonne
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