Commémorer Stalingrad : une question d’instrumentalisation

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De juillet 1942 à février 1943 avait lieu la bataille de Stalingrad, causant la mort de plus d’un million de soldats soviétiques. La défaite du Reich annonça la fin de la progression de l’armée allemande vers l’Est, et le début de la chute du régime hitlérien. La commémoration de cette victoire est aujourd’hui l’occasion de promouvoir ses idées.


Instrumentalisation chez Poutine

La date du 2 février 1943 est restée dans les annales et on a célébré cette année le 80e anniversaire de la victoire russe. La Russie célèbre la fin de cette bataille à Volgograd, le nouveau nom de Stalingrad, en compagnie de Vladimir Poutine. Le chef du Kremlin y a rappelé l’importance décisive de cette bataille et n’a pas manqué de faire un parallèle entre les chars de la Wehrmacht et ceux des Léopards de l’armée ukrainienne. En effet, le conflit qui oppose la Russie et l’Ukraine depuis bientôt un an est au cœur de ces commémorations. Alors que l’Allemagne a envoyé 88 chars Léopard à l’Ukraine, la France est en pleine réflexion au sujet de l’aide militaire. Depuis le début du conflit, la rhétorique poutinienne s’articule autour de l’idée qu’il faille « dénazifier » l’Ukraine. Cette date du 2 février 2023 est donc un symbole historique fort.

Plaque commémorative de la bataille de Stalingrad, le 4 février 2023, Paris, Place Stalingrad. Crédits photo : Poppy / Gavroche

En France, une manifestation perturbée

À Paris aussi, une commémoration célébrant l’anniversaire de la victoire de Stalingrad a lieu Place Stalingrad dans le 19ᵉ arrondissement. Elle était organisée par le Pôle de Renaissance Communiste en France (PRCF). Créé en 2004, le PCRF est une organisation issue d’une scission avec le PCF, et se revendique du marxisme-léniniste. Elle est opposée à l’Union Européenne, à l’OTAN et au fascisme. Ce rassemblement promeut la paix et la lutte contre la montée des idées d’extrême-droite en Europe. Les personnes présentes sont pour la plupart des membres et des sympathisants du PCRF, des militants étrangers sont également présents. Parmi les drapeaux du PCRF, on peut voir ceux de l’URSS, mais également le drapeau de la République Socialiste Soviétique d’Ukraine, lorsque l’Ukraine faisait partie de l’URSS. 

Les discours commencent dès 14h30. Vers 15 heures, un groupe arborant des drapeaux aux couleurs bleus et jaunes de l’Ukraine tente de perturber la manifestation en chantant. Kogutyak Volodymyr, vice-président de l’Union des Ukrainiens de France fait partie de ce groupe. Le service de sécurité, composé de jeunes aux brassards rouges, met en place une chaîne humaine afin d’isoler les contre-manifestants. Les forces de l’ordre arrivent quelques minutes après, isolant les manifestants pro-Ukrainiens qui quittent par la suite les lieux.

On peut légitimement se demander ce qu’ont voulu faire ici ces contre-manifestants. Étaient-ils présents pour protester contre la victoire soviétique à Stalingrad, grâce aux soldats ukrainiens, russes, et autres, sous l’égide du drapeau rouge ? C’est ce qu’il apparaît au premier abord, symboliquement. Concomitamment, la position du PRCF ne leur aurait pas plu non plus : tandis que ces derniers prônent la recherche de la paix et la non-intervention, directe ou indirecte, dans le conflit russo-ukrainien, les pro-Ukraine présents encouragent la guerre de l’Occident contre la Russie, et la livraison d’armes à l’Ukraine.

Des manifestants pro-Ukraine faisant face au cortège de sécurité interne de la manifestation, le 4 février 2023, Paris, Place Stalingrad. Crédits photo : Poppy / Gavroche

Poppy

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